Livre : "Born to run (né pour courir)" éd. Guérin

Si tu aime courir en nature...
Si le stade te fait chier...
Si tu en as marre de cette société de consommation qui transforme notre sport...
Si tu cours avec des Pegasus au pied...
Si tu t'intéresses aux Tarahumaras...
Alors lis ce bouquin, c'est une bible.

Un journaliste qui courait tous les jours 30' se blaisse au pied. résultat : les spécialistes lui déconseillent la course à pied. Têtu et vexé de voir que certaines tribus depuis des millénaires courent pied nu dans les caillous, que Abebe Bikila a remporté les jeux olympique de Rome pied nu ; il décide de mener sa propre enquête et part à la rencontre des Tarahumaras au Mexique. C'est un peuple qui pour ce défendre, fuit en courant... parfois jusqu'à 160 km en tong et en ayant bu de la bière de maïs la veille...

Non, franchement, c'est une tuerie !!!

Disponible à la FNAC... courez-y pied nu

p252 : "Avant de prendre connaissance de cette étude, une expérience m'avait déconcerté à la Running Injury Clinic. J'étais passé en courant sur un capteur de pression, d'abord pieds nus puis avec des chaussures ultrafines et avec des Nike Pegasus bien épaisses. Quand je changeais, l'impact changeait aussi, mais pas dans le sens auquel je m'attendais. Il était moins intense pieds nus qu'avec mes Pegs. [...] "Vous attaquez beaucoup plus du talon avec les Pegasus", conclut le Dr Iréne Davis.

Bon... bien voilà. C'est fini... je l'ai lu. C'est la première que je suis triste de finir un livre. Franchement, il faut le lire.

tu me l'amene mercredi au stade stp ?

Ok. Avec plaisir Lolo. Tu vas voir, c'est un hymne à la course à pied nature. On est fait pour courir... Born to run... Ouais, je m'enflamme un peu.

Conseillé par Chris, j'ai lu "Courir avec les Kenyans" qui reprend pas mal de points de "Born to Run" notamment sur les réalités de la course pieds nus, quelque peu "idéalisée" pas nos amis occidentaux !

Un petit récit si vous vous ennuyez.

Pour savoir si ça vous intéresse, ça concerne les questions de minimalisme, des chaussures de running et plus généralement de foulée comme dans le livre "Born to run".
Ca n'a donc rien de poétique, ni encore moins de scientifique, c'est simplement un retour d'expériences.

Il y a un an ou deux environ quand le phénomène minimaliste a commencé à percer, je n'y avais prêté que peu d'attention, voyant là un coup marketing en train de naître... Ca a été effectivement le cas... mais la chose n'a cessé de me tarauder (désolé je l'aime bien ce mot !) l'esprit jusqu'à aujourd'hui.
Cette année, dès que j'ai pu (à l'entraînement mais aussi sur deux meetings et un cross), j'ai couru pieds nus. Non pas que j'aie voulu imiter quelque mode que ce soit mais je répondais là à une envie soudaine de me débarrasser de mes chaussures sans arrière-pensée "minimaliste"
J'avais essuyé (de la part de David D. et Christophe, pour ne pas les citer) des remarques du genre "tu cours trop sur l'arrière (=sur les talons)", "on a l'impression que tu cours pas à bloc", "ta foulée est mauvaise"... lors d'un meeting estival du NCAA justement. J'ai compris à ce moment là que ma foulée s'était transformée, depuis mes débuts en CàP, en une foulée de + en + "assise".

Lorsque j'ai débuté la course il y a à peu près cinq ans, c'était avec des runnings complètement détruites sans aucun amorti. Près d'un an après, je décidai enfin de m'acheter une nouvelle paire bien rembourrée pour les deux marathons que je préparais, croyant que ça me donnerait une "force supplémentaire". A Toulouse, ça s'était plus ou moins bien passé mais à Milan, en 2008, j'ai abandonné au 30°km (devant le mythique stade San Siro !). Tout le monde m'avait dit alors, "c'est parce que t'as fait deux marathons à un mois d'intervalle, c'est une grossière erreur". Oui, c'était une erreur même si je pensais avoir totalement récupéré du précédent marathon. Précisément, ce qui a causé mon abandon à Milan était deux petites tendinites, très gênantes il est vrai (entre mollet et talon), mais qui révélaient au plus haut point la douleur quand je mettais mes nouvelles chaussures bien amorties. Résultat : je croyais en avoir trop fait d'où la blessure, mais, intuitivement, j'ai décidé de jeter ces chaussures au gros amorti après cet abandon. Le gros amorti n'était pas fait pour moi ou alors j'avais fait une transition trop rapide, du "rien" au "tout".
En 2009, je suis passé sur des Asics DS Trainer qui étaient alors réputées pour être les chaussures amorties les plus légères qui soient dans la perspective tout de même de courir des distances jusqu'au marathon. Pendant plus de deux ans, de début 2009 à mi 2011, je n'ai eu, strictement, aucune blessure, ni gêne quelconque, alors que j'ai effectué environ 130 courses dans cette période dont plusieurs marathons et gros trails, allant jusqu'à faire trois courses certains week-end, vous vous en souvenez, c'était exagéré, soit... Néanmoins, le constat était limpide: je ne me blessais pas.

Arrive la rentrée lyonnaise de 2011 après un mois d'arrêt (donc pas vraiment de surmenage), je commande ma nouvelle paire de DS Trainer, 'as usual'. C'était le modèle sorti 6/8 mois avant (pour l'avoir moins cher). Je remarque cependant deux choses qui n'existaient auparavant : dans la description des chaussures est indiqué "pour coureurs pronateurs" et, visuellement, l'amorti me paraît bien plus gros même si la chaussure n'est apparemment pas plus lourde. Il y a deux mois, je reprends une nouvelle paire pour le même résultat : comme bilan aujourd'hui, je traîne une micro-fracture de l'os "naviculaire" au pied droit depuis un an et, là je n'ai pas consulté: ce qui me paraît être une pubalgie persistante (en tous les cas j'en ai les mêmes symptômes), forcément très gênante, que j'apaise par des auto-massages (hum..) et des semaines où je ne cours qu'une ou deux fois au lieu de quatre ou cinq. Bien sûr, je n'accuse pas les chaussures sans preuve. Mais là encore, le premier jour où j'ai testé les DS Trainer "alourdies" j'ai eu un terrible pressentiment, me disant "cette année c'est tout à fait différent comme sensations, bizarre".

Comme je suis un coureur très léger par rapport à ma taille (env. 64kg pour 1m85), j'ai souvent perçu l'amorti de mes chaussures comme totalement superflu voire même "handicapant" dans le mesure où voulant profiter de l"architecture" de la chaussure, je courais sur le talon, par confort, en étant forcé de plier mes jambes pour obtenir cette foulée et par conséquent, de m'asseoir. De plus comme j'ai le pied très fin, celui-ci est très mobile dans les chaussures et ma foulée a vite fait de se désunir à chaque appuis ou à "taper" lorsque je cherche à "serrer" ou bloquer mon pied pendant l'appui.

Attention ! Pour un coureur plutôt lourd et ayant un gros pied, la chaussure amortie se justifie complètement. Elle permet de ne pas s'écraser de tout son poids sur le sol et préserve ses articulations de la meilleure des manières qui soient avec l'adaptation (pronateur, universel, supinateur) nécessaire. Mais, comme je suis loin d'être obèse, je me demande aujourd'hui si ces chaussures même légères que sont les DS Trainer me conviennent. Je me suis observé à travers des photos et une vidéo, j'ai une foulée de plus en plus lamentable, lourde et improductive...

Hier, pour me faire mon propre cadeau de Noël (je suis assez narcissique pour ça), je suis passé chez Décathlon me rappelant tout d'un coup ce post du forum courseapied.net :
http://www.courseapied.net/forum/msg/85213.htm
J'ai acheté une paire de chaussures marines (type chaussons de plongée) de la marque Tribord à moins de 10 euros. Elles épousent mon pied, possèdent une très fine semelle mais sont ultra-légères et souples.
Disons qu'avant de sombrer et de dépenser 100 euros pour participer à l'"arnaque minimaliste", j'ai voulu me rendre compte de quelque chose.

Le test, je l'ai fait tout à l'heure, malgré le scepticisme du vendeur de chez Décat' qui me voyait finir à l'hôpital le plus proche...
Je suis parti sur une route bitumée à l'intérieur de l'Estérel, plutôt plate. Les sensations, ce sont les mêmes que la course pieds nus, les douleurs sous le pied en moins ! L'impression, en fait, de courir véritablement vite, d'avoir l'impact souhaité et non de composer avec la chaussure. Le problème, il survient au bout de 3/4 kilomètres, comme je ne sais pas ou plus courir sur l'avant du pied, la fatigue fait que par habitude je cours non plus sur le milieu/avant du pied comme poussent à le faire les chaussures de plongée mais de nouveau sur le talon. Et là, c'est insupportable, ça tape et c'est encore plus improductif qu'avec l'amorti évidemment. Les difficultés surviennent aussi sur des pierres grosses et pointues et dans les descentes car ça fait un peu mal au genou. Ce qui signifie qu'il n'est pas bon de courir trop longtemps sans amorti au début si l'on est pas préparé à re-transformer sa foulée, et ça ne se fait pas un jour...
Le résultat réel de ce test, on l'a après la séance: la petite douleur pubalgique est toujours là je ne vais pas mentir mais aucune douleur au pied droit et à l'os naviculaire (!) n'apparaît, ce qui ne m'était plus arrivé depuis un moment. Mais surtout pas de petit tiraillement, de petites gènes aux niveaux tendineux et osseux. Ce sont les muscles qui ont travaillé et de quelle manière: j'ai même eu l'impression que cela faisait une éternité qu'ils n'avaient pas été mobilisés de la sorte. C'est très satisfaisant !

Les deux reproches faits aux minimalistes et autres chaussures légères sont justement que l'on veuille vendre aux Occidentaux des chaussures pour lesquels ils ne sont pas ou plus faits et surtout dans les minimalistes uniquement, que l'on sépare les orteils les uns des autres, une chose pour laquelle on est définitivement pas préparé et qui pourrait être la cause de fractures fâcheuses. Bon, avec les chaussures de plongée à 10 euros, y'a pas ce problème au moins !

J'ai conscience que je suis là dans une impasse, je ne vais pas courir avec des chaussures de ce type à l'avenir mais j'ai de plus en plus l'impression que des chaussures, même relativement peu amorties, me pénalisent. Edit : car j'ai oublié de le préciser, je chausse du 48, d'où le manque d'appui.

Il ne reste plus qu'à trouver chaussure à son pied...

Après 3 entraînements consécutifs, le constat reste plutôt positif (travail exceptionnel du mollet, sensations retrouvées, impact au sol stable)
mais :
- une légère douleur aux périostes que je n'avais jamais eue
- un mal de dos est apparu, je ne sais pas si c'est dû à ça cela dit
- impossible au bout de quelques kilomètres de conserver une foulée respectable sans attaquer du talon
- sur le bitume, on a quand même l'impression de trop ressentir les chocs, même si on attaque sur l'avant du pied

1er bilan : je pense les utiliser pour un quart de mes entraînements, pour ne pas trop "m'abîmer", et voir comment cela évolue.

Les chaussures Tribord ça continue, je ne les ai toujours pas détruites.
Désormais je les utilise le samedi et/ou le lundi pour courir avant et/ou après une compétition pendant 6-7 kilomètres et c'est assez agréable au niveau des sensations.
Le mardi, jeudi et dimanche, je préfère être chaussé normalement car si je les emploie durant toute la semaine, j'ai des douleurs assez fortes sous les deux talons.